jueves, mayo 22, 2014

Members of the European Parliament represent you, the citizen !

 

The European Parliament is the only directly-elected EU body. Members of the Parliament represent you, the citizen.
Representing 503.000.000 citizens of Europe, debating the big European issues which matter to them, voting European laws to make their lives better and making the European Union accountable to them.
Members of the European Parliament make decisions which affect you directly. The car you drive, the air you breathe, the mobile phone in your pocket, the food you eat, the water you drink, the worker you employ, the bank you borrow from, the waste you discard…
The European Parliament is co-legislator for most of Europe’s laws. It is a place where people from 28 member states come together to disagree, a place where political ideas and ideals meet, sometimes to clash, sometimes to be reconciled. Alliances are formed, deals are struck, compromises made, in other words, it’s the usual, sometimes glorious, sometimes inglorious, business of democratic politics.
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Don’t forget to vote !
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If you have questions about the European Parliament you can contact our Citizens’ Enquiries Unit :
If you have other questions on the EU, you may also call Europe Direct (a free of charge phone line in 24 languages) :
00 800 67 89 10 11.
See what else we do online:
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* L’orientation économique de l’Union européenne face à la crise a été erronée. *
* Les mandataires actuels ont subordonné les droits fondamentaux des citoyens aux intérêts spéculatifs de groupes financiers sans conscience solidaire. *
* Il nous revient à nous, citoyens européens, dépositaires de la souveraineté européenne, de corriger cette erreur par notre vote. *
* Ne perdons pas l’occasion de le faire, votons en conscience le 25 mai prochain. *
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* La orientación económica de la Unión Europea frente a la crisis ha sido la equivocada. *
* Los mandatarios actuales han subordinado los derechos fundamentales de los ciudadanos a los intereses especulativos de grupos financieros sin conciencia solidaria. *
* Nos toca a nosotros, los ciudadanos europeos, depositarios de la soberanía europea, corregir con nuestro voto esta equivocación. *
* No perdamos la ocasión de hacerlo VOTANDO A CONCIENCIA el próximo 25 de mayo. *

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miércoles, mayo 21, 2014

Hommage à la Compagnie de Jésus à l’occasion du second centenaire de sa restauration


Escrito por: Salvador García Bardón el 21 May 2014 - URL Permanente

Nous célébrons cette année le deuxième centenaire de la restauration de la Compagnie de Jésus par le Saint-Siège. L’excellent roman historique de Pedro-Miguel Lamet “Le dernier jésuite” a déjà été, en 2011, le meilleur hommage que la littérature a rendu jusqu’à présent à cette attachante “Compagnie de Jésus” à l’occasion du deuxième centenaire de sa restauration.
Si la “Compagnie de Jésus” restaurée est redevenue en très peu de temps, comme elle l’était avant sa suppression, un des systèmes éducatifs préférés des parents pour scolariser leurs enfants, c’est parce que les parents désirent que les valeurs promues par les Compagnons de Jésus, familièrement appelés jésuites, inspirent l’aventure inédite de leur propre vie.
La rigueur historique des “romans historiques” de Pedro-Miguel Lamet adopte souvent le genre romanesque, comme c’est le cas ici, pour faire place dans son histoire romancée non seulement au vrai, vérifiable par les documents, mais aussi au vraisemblable, c’est-à-dire à tout ce qui inspire les actions des personnages biographiés et historiés depuis le secret de leur conscience, et que l’historien induit et déduit en s’appuyant sur son propre savoir humaniste, qui dans le cas de Pedro-Miguel Lamet est emblématique.
La généreuse inspiration littéraire et la rigoureuse exactitude historique de l’œuvre de Pedro-Miguel Lamet préfigurent, dans son approche déontologiquement responsable d’écrivain jésuite, ce que le Père général de la Compagnie demandait à ses frères jésuites et à leurs collaborateurs volontaires dans sa lettre de 2013 sur la meilleure manière de célébrer cette année 2014 :
“Je veux répéter ce que je vous ai déjà demandé dans ma lettre précédente sur 2014 : que notre commémoration de la Restauration – qui commence officiellement le 3 janvier, fête du Saint Nom de Jésus, et qui se clôture le 27 septembre, anniversaire de la confirmation de la Compagnie en 1540 – évite tout signal de triomphalisme ou d’orgueil.
J’espère néanmoins que, même simplement et modestement, toutes les communautés, régions et provinces de la Compagnie feront un effort pour commémorer cet anniversaire de façon mémorable et pleine de signification au niveau personnel et communautaire.”
Source : « Conmemoración del segundo centenario de la Restauración de la Compañía de Jesús», Adolfo Nicolás, S.I., Superior General
Roma, 14 de noviembre de 2013 Fiesta de San José Pignatelli
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Mémoire de l’expulsion des jésuites par Carlos III de 1767
La Pragmatique Sanction (“Pragmática Sanción”) de Charles III ne donnait pas d’autre argument pour expulser les membres de la Compagnie que des motifs que le monarque “gardait en son âme royale”.
Jamais, même au moment de l’expulsion des morisques, on n’avait conduit avec autant de secret une opération de ce genre en Espagne.
Ainsi, sans qu’ils n’opposent la moindre résistance, commençait le long calvaire des jésuites espagnols par mer et par terre vers l’inconnu.
Il faut placer ce drame dans le contexte d’un XVIIIème siècle européen, marqué par le despotisme éclairé des monarchies Bourbon où, à travers le régalisme, les rois voulaient contrôler le pouvoir de l’Eglise et principalement la Compagnie de Jésus, à cause de son quatrième vœu, celui de l’obéissance au Pape.
Alors, sans attendre, commençait le transfert par les rues des villes des jésuites surveillés de manière humiliante, accompagnés de coups de tambour et entourés de la milice, vers les différents ports d’embarquement, dans un délai de 24 heures à partir de la présentation du décret. La troupe les accompagna pendant tout le trajet.
Dans les villes qu’ils traversèrent, les autorités civiles se chargèrent de maintenir l’ordre et d’éviter toute manifestation populaire contre l’expatriation. Tout au long du voyage, les jésuites ne purent absolument pas communiquer.
Le voyage, dans les bateaux à voile de l’époque, et bien qu’on ait prévu minutieusement l’intendance, fut très pénible. Entassés dans des cales, dévorés par les insectes, avec mal au cœur parce que la plupart n’avaient jamais navigué, ils souffrirent l’indicible jusqu’à arriver par différents itinéraires au port de Civitavecchia, après une traversée de 60 ou 70 jours.
Le roi, bien que pieux et communiant tous les jours, agit sans se soucier de l’autorisation de Clément XIII. Il se contenta d’informer le Pontife de la décision prise immédiatement après son exécution. Le monarque se retint de lui indiquer qu’il les exilait aux Etats Pontificaux.
Clément XIII répondit diplomatiquement, et ne voulut pas recevoir ceux qui avaient été pendant des siècles ses plus ardents défenseurs; par contre, quand il sut que les expulsés allaient aux Etats Pontificaux, il répondit durement à Charles III par une bulle (avec la phrase “Toi aussi, mon fils ?” de Jules César assassiné par Brutus), avec la décision nette de ne pas les recevoir sur ses territoires.
Finalement ils réussirent à débarquer dans les différentes “prisons” (« presidios ») de Corse, entre juillet et septembre 1767. Ils y passèrent plus d’un an, dans des conditions lamentables.
Parmi les Espagnols expatriés se trouvaient des noms connus, comme le provincial Idiáquez, les frères Pignatelli, dont l’un, José, deviendra saint et servira de pont jusqu’à la restauration de l’Ordre, ou l’écrivain réputé José Isla, un classique de la littérature espagnole grâce à son œuvre satirique “Fray Gerundio de Campazas”, considéré comme “le Quichotte des prédicateurs” qui indigna les moines par sa critique mordante et humoristique des sermons « de clochettes » (de campanillas) qui abondaient à l’époque.
La situation était précaire quant aux vivres et à l’habitation, et aggravée par les feux croisés de la guerre. Certains logements étaient seulement des entrepôts d’huile, des étables, des maisons en ruine.
En novembre, on pensa à Madrid que les commissaires royaux espagnols devaient accomplir une autre mission dans la partie orientale de l’île : obtenir du Français Marbeuf à Bastia qu’il accueille la flotte des jésuites américains, en route vers l’exil – ils tardèrent un an de pénible navigation depuis les missions d’Amérique latine -, puisque l’approvisionnement des “prisons” (presidios) de la côte occidentale – Calvi, Algajola, Ajaccio, Bonifacio – était résolu. Les fonctions des nouveaux commissaires royaux seraient de surveiller les jésuites, noter les décès et les fuites, les interroger à propos des doutes sur leurs biens temporels et contrôler leur correspondance.
Entretemps, les conversations entre Charles III et Clément XIII dégénérèrent. Après de dures discussions, le Pape accepta finalement qu’ils débarquent en Italie. Là, les jésuites se répartirent dans des villes comme Bologne, Ravenne, Forli ou Historia Ferrara. Ils y vécurent jusqu’en 1773-74.
L’Eglise espagnole s’aligna par intérêt sur la position du roi et l’Eglise de Rome subit de dures pressions jusqu’à la suppression. Même si Clément XIII les avait défendu verbalement dans des documents, à l’heure de la vérité il ne les accepta pas lorsque le roi les lui envoya, expatriés. Le nombre des expulsés conjoints espagnols, américains et philippins atteignit 5.000 hommes.
On évoqua la raison que le Pape ne voulut pas les accepter parce qu’il attendait que Charles III se repentît. Le fait de son successeur, Clément XIV, fut encore plus cruel, puisqu’il avait été élu sous pression des cours Bourbon avec la “promesse orale” d’éliminer les jésuites.
Ce faible moine franciscain, lorsqu’il obtint la tiare, tira les choses en longueur, tenaillé par la peur et par la responsabilité de décréter la suppression d’un ordre aussi nombreux et influent. Les intrigues politiques débouchèrent finalement sur la suppression en 1773.
◊ Toute l’Eglise n’accepta pas cette décision de la même manière. ◊
Les conséquences pour l’enseignement et la culture furent néfastes, et en Amérique latine les manifestations de douleur du peuple très fréquentes.
C’est un fait exemplaire que de constater que, dans de telles circonstances, seulement 20 pour cent des jésuites expulsés abandonnèrent la Compagnie. Certains, au milieu de ces tragédies, réussirent à atteindre la sainteté, comme ce fut la cas du déjà cité José Pignatelli. Beaucoup d’autres, même après l’extinction de l’ordre, contribuèrent par leurs études, leurs livres et leurs recherches au développement florissant de la culture en Italie et dans d’autres parties du monde, comme l’a montré à profusion le père Miquel Batllori.
◊ Préservée en Pologne et en Russie blanche, quarante ans plus tard la Compagnie de Jésus fut restaurée par Pie VII en 1814. ◊
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Le Calvaire des jésuites espagnols
Par Pedro Miguel Lamet S.J.
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Dans la plus grande discrétion et protégés par les ombres de l’aube, les soldats se glissaient jusqu’à entourer les collèges et résidences de tous les jésuites espagnols, le 2 avril 1767, sauf à Madrid, ville dans laquelle l’opération militaire avait été exécutée le 31 mars. Jamais, même au moment de l’expulsion des morisques, on n’avait conduit avec autant de secret une opération de ce genre en Espagne.
L’irruption consistait à frapper à la porte, parfois même en utilisant le subterfuge de demander les sacrements pour un mourant. Alors les soldats pénétraient, baïonnette au canon, comme s’il s’agissait d’arrêter des fugitifs, dans les maisons de la Compagnie. Aussitôt ils ordonnaient que toute la communauté se réunisse dans le réfectoire et là, on donnait lecture de la Pragmatique Sanction (Pragmática Sanción) du roi Carlos III, qui ordonnait d’extrader des royaumes espagnols tous les jésuites. Contrôlés à tout moment, ils ne pouvaient même pas dire la messe, et ils ne pouvaient emmener dans leur exil qu’un peu de linge et leur bréviaire. Au préalable, on avait monté toute une logistique compliquée avec l’Armée, qui tenait prêts, dans divers ports espagnols, des navires de guerre et d’autres embarcations louées pour conduire les pères et les frères dans l’exil. Ainsi, sans qu’ils n’opposent la moindre résistance, commençait le long calvaire des jésuites espagnols par mer et par terre vers l’inconnu.
Il faut placer ce drame dans le contexte d’un XVIIIème siècle européen marqué par le despotisme éclairé des monarchies Bourbon où, à travers le régalisme, les rois voulaient contrôler le pouvoir de l’Eglise et principalement la Compagnie de Jésus, à cause de son quatrième vœu, celui de l’obéissance au Pape. Les jésuites se trouvaient alors au zénith de leur influence dans la société de l’époque. Ils avaient été confesseurs de rois, ils contrôlaient le monde de l’éducation et les missions américaines, thème de litige par le Traité de Madrid, tandis que le gouvernement avait été jusqu’à présent entre les mains de nobles formés dans les collèges de la Compagnie. Il y avait les précédents des expulsions du Portugal (1759) et de France (1762), dont les protagonistes principaux furent le marquis de Pombal et le ministre Choisseul.
En Espagne, avec l’irruption en politique de ministres “mantéistes” (on les appelait ainsi à cause de leur façon d’habiller les non nobles qui avaient accédé à l’éducation, face aux “escolares” -‘scolaires’- ou nobles), s’établit une persécution rancunière contre la Compagnie et ses amis. Les plus influents furent les ministres Roda, Campomanes, Grimaldi, Aranda, Moñino et le confesseur père Eleta. La décision fut sans doute influencée par une série de thèmes théologiques (jansénisme, doctrine du probabilisme), par des questions politiques, comme l’Avertissement de Parme (« le Monitorio de Parma »), par la cause discutée de la canonisation de l’évêque Palafox, et par une série de calomnies, comme celles qui prétendaient que les jésuites avaient instigué à Madrid la fameuse Emeute d’Esquilache, et qu’ils possédaient un empire en Amérique, dont le roi serait un certain Nicolas Ier, avec une armée d’esclaves disposée à envahir l’Europe; influencée aussi par la peur terrible de Charles III, qui avait fui l’Emeute jusqu’à Aranjuez, et que ses ministres avaient échauffé, spécialement Bernardo Tanucci depuis Naples.
Pour effacer la Compagnie de la carte d’Espagne, on créa un Conseil Extraordinaire et une Enquête Secrète qui débouchèrent sur la Pragmatique Sanction (Pragmática Sanción), qui ne donnait pas d’autre argument pour expulser les membres de la Compagnie que des motifs que le monarque “gardait en son âme royale”.
On ajoutait des dispositions sur l’occupation des ‘temporalités’ (“temporalidades”) ou possessions de l’Ordre. On décidait que, de la masse générale formée par les biens de la Compagnie, on prélèverait une petite partie, de laquelle on accorderait à vie à chaque jésuite prêtre un montant annuel de cent pesos, et à chaque frère nonante. Etaient exclus de cette pension aussi bien les étrangers que les novices. On menaçait de suspendre l’assignation à celui qui refuserait l’expatriation, ou si d’autres motifs incommodaient la Cour, comme par exemple écrire ou parler à propos de la mesure prise. Ils recevraient la pension en deux paiements par an, et finalement, avec la dévaluation, elle ne leur donnerait même pas de quoi se nourrir. Cette pension a permis de tranquilliser la conscience du pieux monarque et de contrôler de près les expulsés, même en dehors de l’Espagne.
Aucun des religieux, même s’il abandonnait la Compagnie, ne pouvait revenir dans la patrie sans autorisation spéciale du Roi et s’il l’obtenait, il serait obligé de prêter serment de fidélité et de s’engager à ne défendre la Compagnie d’aucune manière, même en privé, sous peine d’être traités comme un condamné d’Etat.
Les séculiers qui avaient une lettre de fraternité avec la Compagnie devaient la rendre et on menaçait de peines de “fautes de lèse-majesté” ceux qui entretiendraient une correspondance avec les jésuites, ce qui était tout à fait interdit. Beaucoup préférèrent quitter le pays.
Les règles furent spécialement dures avec les novices. On les poussa à abandonner la Compagnie, sous peine de péché mortel et autres menaces; on les incita à entrer dans d’autres ordres; on les abandonna dans la campagne sans soutien et on les sépara des Pères. Malgré cela, la plupart d’entre eux rejoignirent les ports pour subir l’expulsion avec leurs aînés.
Dans chaque maison, une fois qu’elle était occupée par les forces armées et que les notaires avaient donné lecture du décret, on contrôlait les listes pour vérifier s’il y avait un jésuite absent. Ensuite on réquisitionnait les biens et on en faisait l’inventaire. Alors, sans attendre, commençait le transfert par les rues des villes des jésuites surveillés de manière humiliante, accompagnés de coups de tambour et entourés de la milice, vers les différents ports d’embarquement, dans un délai de 24 heures à partir de la présentation du décret. La troupe les accompagna pendant tout le trajet.
Dans les villes qu’ils traversèrent, les autorités civiles se chargèrent de maintenir l’ordre et d’éviter toute manifestation populaire contre l’expatriation. Tout au long du voyage, les jésuites ne purent absolument pas communiquer. Seuls les procurateurs des différentes maisons de la Compagnie restèrent en Espagne, pour finaliser les inventaires avec les agents du fisc. Une fois terminé ce travail, ils appareillèrent aussitôt vers l’exil. Les maisons, les livres, les œuvres d’art furent confisqués ou mal vendus. On alla jusqu’à effacer l’anagramme JHS gravé dans la pierre des façades et on élimina des temples les images propres à la dévotion de la Compagnie, comme celles du Sacré-Cœur et de Notre-Dame de la Lumière.
Le voyage, dans les bateaux à voile de l’époque, et bien qu’on ait prévu minutieusement l’intendance, fut très pénible. Entassés dans des cales, dévorés par les insectes, avec mal au cœur parce que la plupart n’avaient jamais navigué, ils souffrirent l’indicible jusqu’à arriver par différents itinéraires au port de Civitavecchia, après une traversée de 60 ou 70 jours. De tout cela, on conserve différents journaux minutieux. Le plus volumineux est celui du père Manuel Luengo, qui se compose de 63 volumes et 35.000 pages manuscrites, qu’il rédigea pendant 49 ans et qu’il conserva avec lui jusqu’à sa mort. (Il est publié en Espagne grâce au travail des historiens Inmaculada Fernández Arrillaga et Isidoro Pinedo, SJ.). D’autres journaux intéressants sont ceux des pères Tienda, Pérez, Peramás, Puig et Larraz.
Le roi, bien que pieux et communiant tous les jours, agit sans se soucier de l’autorisation de Clément XIII. Il se contenta d’informer le Pontife de la décision prise immédiatement après son exécution. Le monarque se retint de lui indiquer qu’il les exilait aux Etats Pontificaux. Au début, les jésuites ne le savaient pas non plus.
Clément XIII répondit diplomatiquement, et ne voulut pas recevoir ceux qui avaient été pendant des siècles ses plus ardents défenseurs; par contre, quand il sut que les expulsés allaient aux Etats Pontificaux, il répondit durement à Charles III par une bulle (avec la phrase “Toi aussi, mon fils ?” de Jules César assassiné par Brutus), avec la décision nette de ne pas les recevoir sur ses territoires. Et les exilés butèrent à Civitavecchia sur les canons du Pape, qui les empêchèrent d’entrer. Les arguments du Pape étaient que ses Etats traversaient des moments de grande pénurie, qu’ils craignaient des troubles publics et qu’ils étaient saturés par les jésuites portugais et français qui vivotaient aux frais du trésor pontifical.
Devant ce refus, le ministre espagnol Grimaldi proposa de les abandonner de force dans les terres du Pape. Mais le roi refusa. Alors, on envisagea la possibilité de décharger les jésuites dans l’île d’Elbe, quand apparut l’option de les laisser en Corse, alors en pleine guerre avec trois fronts actifs : la République de Gênes qui possédait la souveraineté sur l’île, les forces du rebelle indépendantiste Paoli et la France, qui appuyait Gênes, puisque cette dernière manquait du contingent nécessaire pour maîtriser le soulèvement. L’île était donc un baril de poudre.
Les jésuites étaient plongés dans la désolation après l’échec du débarquement à Civitavecchia. En outre, les patrons des bateaux avaient été réservés pour le voyage jusqu’à ce port et avaient des engagements commerciaux ensuite. Beaucoup de jésuites passèrent à d’autres navires, dans lesquels ils s’entassèrent encore plus. Ils naviguèrent finalement vers la Corse. Ils arrivèrent à Bastia, où les troupes françaises les empêchèrent aussi de débarquer. Les navires restèrent pendant des mois à longer la côte corse, affrontant la chaleur de l’été, les maladies et des tempêtes fréquentes. Plusieurs jésuites moururent pendant la traversée.
Finalement ils réussirent à débarquer dans les différentes “prisons” (« presidios ») de Corse, entre juillet et septembre 1767. Ils y passèrent plus d’un an, dans des conditions lamentables. Dans l’île, les jésuites expulsés se répartirent par province; ils organisaient dans la mesure du possible l’enseignement de la philosophie et de la théologie aux jeunes et la vie communautaire avec leurs supérieurs respectifs.
Parmi les Espagnols expatriés se trouvaient des noms connus, comme le provincial Idiáquez, les frères Pignatelli, dont l’un, José, deviendra saint et servira de pont jusqu’à la restauration de l’Ordre, ou l’écrivain réputé José Isla, un classique de la littérature espagnole grâce à son œuvre satirique “Fray Gerundio de Campazas”, considéré comme “le Quichotte des prédicateurs” qui indigna les moines par sa critique mordante et humoristique des sermons « de clochettes » (de campanillas) qui abondaient à l’époque.
La situation était précaire quant aux vivres et à l’habitation, et aggravée par les feux croisés de la guerre. Certains logements étaient seulement des entrepôts d’huile, des étables, des maisons en ruine. D’autres religieux purent s’installer dans les maisons abandonnées par leurs habitants, qui avaient fui à l’intérieur de l’île. Les aliments étaient peu abondants, de qualité médiocre et très chers, à cause de l’inflation et de la spéculation, étant donné la pression démographique provoquée par l’augmentation inattendue de la population. Et pour comble, les récents arrivés devaient payer dans les églises pour dire la messe.
A partir du 21 juillet, ceux qui n’avaient pas trouvé de place à Calvi entrèrent à l’intérieur des murailles de l’enceinte, avec la crainte de s’introduire dans un piège, vu l’annonce de l’attaque corse. Beaucoup de jésuites andalous préférèrent les faubourgs et les maisons dans la campagne, proches des deux sources d’eau. Ceux d’Algajola, eux, purent s’installer dans la ville, parce que leur débarquement coïncida avec le départ des troupes françaises et l’entrée des Corses qui s’empressèrent d’occuper l’agglomération.
Cette situation se prolongea durant les mois de juillet et d’août, et le 3 septembre les Corses et les Français signèrent un armistice, qui durera jusqu’en mai 1768. Cela permit la libéralisation des voies de commercialisation avec l’intérieur de la Corse et avec le continent.
En novembre, on pensa à Madrid que les commissaires royaux espagnols devaient accomplir une autre mission dans la partie orientale de l’île : obtenir du Français Marbeuf à Bastia qu’il accueille la flotte des jésuites américains, en route vers l’exil – ils tardèrent un an de pénible navigation depuis les missions d’Amérique latine -, puisque l’approvisionnement des “prisons” (presidios) de la côte occidentale – Calvi, Algajola, Ajaccio, Bonifacio – était résolu. Les fonctions des nouveaux commissaires royaux seraient de surveiller les jésuites, noter les décès et les fuites, les interroger à propos des doutes sur leurs biens temporels et contrôler leur correspondance.
Entretemps, les conversations entre Charles III et Clément XIII dégénérèrent. Après de dures discussions, le Pape accepta finalement qu’ils débarquent en Italie. Là, les jésuites se répartirent dans des villes comme Bologne, Ravenne, Forli ou Historia Ferrara. Ils y vécurent jusqu’en 1773-74.
Le chemin le plus fréquent fut d’aller vers le nord-est en traversant les Apennins vers la plaine du Pô, en passant par les possessions de Gênes et par celles du duché de Parma et de Modène. L’itinéraire commençait à Sestri de Levante, au pied des Apennins ligures, où sévissaient de forts orages. En suivant le cours du Taro, ils passèrent par Borgo du Taro, où certains réussirent à trouver une monture, par Fornovo du Taro, Parme, Reggio, Modène, jusqu’à Castefranco, pour pénétrer dans les Etats Pontificaux.
Là arriva le premier groupe de jésuites américains le 12 septembre, et de là ils se dispersèrent dans la Romagne, éveillant la curiosité des Italiens et provoquant une série de problèmes pratiques dans les différentes villes qui devaient absorber cette masse de prêtres qui arrivaient en vagues successives. On peut lire dans les journaux déjà cités le détail des pénuries du voyage, le mauvais traitement infligé par les Français et les tentatives d’extorsion pour leur enlever l’argent des pensions, ainsi que les silences coupables des consuls espagnols et l’accueil très froid des jésuites génois, avec d’autres anecdotes et détails de cette pérégrination.
L’Eglise espagnole s’aligna par intérêt sur la position du roi et l’Eglise de Rome subit de dures pressions jusqu’à la suppression. Même si Clément XIII les avait défendu verbalement dans des documents, à l’heure de la vérité il ne les accepta pas lorsque le roi les lui envoya, expatriés. Le nombre des expulsés conjoints espagnols, américains et philippins atteignit 5.000 hommes.
On évoqua la raison que le Pape ne voulut pas les accepter parce qu’il attendait que Charles III se repentît. Le fait de son successeur, Clément XIV, fut encore plus cruel, puisqu’il avait été élu sous pression des cours Bourbon avec la “promesse orale” d’éliminer les jésuites.
Ce faible moine franciscain, lorsqu’il obtint la tiare, tira les choses en longueur, tenaillé par la peur et par la responsabilité de décréter la suppression d’un ordre aussi nombreux et influent. Les intrigues politiques débouchèrent finalement sur la suppression en 1773.
Dans cette dernière phase, un rôle décisif fut joué par l’ambassadeur d’Espagne, José Moñino, récompensé ensuite par le titre de comte de Floridablanca, qu’il réussit à acheter grâce à des prébendes et d’autres sommes importantes versées au confesseur, à d’autres prélats et amis du Pontife. Le harcèlement psychologique auquel il soumit le Pape, comme le montre son abondante correspondance avec Madrid, finit par détruire le moral et la santé de Clément XIV, qui signa le bref apostolique (pas une bulle) “Dominus ac redentor”, qui supprimait la Compagnie de Jésus dans toute l’Eglise. La thèse selon laquelle il mourut empoisonné par les jésuites s’avéra fausse au point que leurs pires ennemis, comme Tanucci lui-même, soutinrent qu’il succomba à un auto-empoisonnement mental provoqué par la peur et l’angoisse.
Toute l’Eglise n’accepta pas cette décision de la même manière.
Les conséquences pour l’enseignement et la culture furent néfastes, et en Amérique latine les manifestations de douleur du peuple très fréquentes.
C’est un fait exemplaire que de constater que, dans de telles circonstances, seulement 20 pour cent des jésuites expulsés abandonnèrent la Compagnie. Certains, au milieu de ces tragédies, réussirent à atteindre la sainteté, comme ce fut la cas du déjà cité José Pignatelli. Beaucoup d’autres, même après l’extinction de l’ordre, contribuèrent par leurs études, leurs livres et leurs recherches au développement florissant de la culture en Italie et dans d’autres parties du monde, comme l’a montré à profusion le père Miquel Batllori.
Préservée en Pologne et en Russie blanche, quarante ans plus tard la Compagnie de Jésus fut restaurée par Pie VII en 1814.
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Cet article raconte l’histoire de la persécution dramatique contre la Compagnie de Jésus à l’époque de Charles III (1716-1788). Les faits sont repris du livre du père Pedro Miguel Lamet : El último jesuita (Le dernier jésuite, roman historique), édition La Esfera de los Libros, Madrid, 2011.
Image 1 : portrait de Charles III
Artiste : Anton Raphael Mengs (1728–1779)
Titre : Portrait de Charles III d’Espagne (1716-1788)
Date : aux environs de 1760
Technique : huile sur toile
Lieu actuel : inconnu
Image 2: Portrait en couverture de la biographie de Saint José Pignatelli, S.J. (Zaragoza, Espagne, 27.12.1737 – † Rome, Italia, 15 de noviembre de 1811)
Image 3: Portrait de l’écrivain José Francisco de Isla, S.J. (Vidanes, León, 25.04.1703 – † Bologne, 2.11.1781).
Image 4: Portrait de Catherine II (Szczecin (Stettin, actuellement Pologne, 2.05.1729 – † Saint Petersburg, 1711.1796.
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19.05.14 | 12:15. Archivado en Pro justitia et libertateGeopolíticaJesuitas, Historia

miércoles, mayo 14, 2014

Homenaje a la Compañía de Jesús en el segundo centenario de su restauración


Este año estamos celebrando el doscientos aniversario de la restauración por la Santa Sede de la Compañía de Jesús. La excelente novela histórica de Pedro-Miguel Lamet “El último Jesuita” fue ya en 2011 el mejor homenaje que la literatura ha rendido hasta ahora a esta entrañable «Compañía de Jesús» con ocasión del segundo centenario de su restauración.
Si la «Compañía de Jesús» restaurada se ha convertido de nuevo en muy poco tiempo, como lo había sido antes de su supresión, en uno de los sistemas educativos más preferidos por los padres al escolarizar a sus hijos, incluidos mi mujer y yo mismo, es porque los padres deseamos que las virtudes promovidas por los Compañeros de Jesús, familiarmente llamados jesuitas, inspiren la aventura inédita de sus propias vidas.
El rigor histórico de las “novelas históricas” de Pedro-Miguel Lamet adopta en más de una ocasión el género novelesco como lo hace en ésta, para dar lugar en su historia novelada no solamente a lo verdadero, verificable documentalmente, sino también a lo verosímil, que es todo lo que desde el secreto de la conciencia de los personajes biografiados e historiados inspira sus acciones y que el historiador induce y deduce valiéndose de su propia sabiduría humanista, que en el caso de Pedro-Miguel Lamet es emblemática.
La generosa inspiración literaria y rigurosa exactitud histórica de la obra de Pedro-Miguel Lamet prefigura, en su proceder deontológicamente responsable de escritor jesuita, lo que el Padre General de la Compañía pedía a sus hermanos jesuitas y colaboradores voluntarios en su carta de 2013 sobre la mejor manera de celebrar este año 2014:
“Quiero repetir de nuevo lo que ya les pedí en mi anterior carta sobre el año 2014: que nuestra conmemoración de la Restauración - que comienza oficialmente el día 3 de enero, fiesta del Sacratísimo Nombre de Jesús, y concluye el día 27 de septiembre, aniversario de la confirmación de la Compañía en 1540 - evite cualquier señal de triunfalismo o de orgullo.
Espero sin embargo que, aun sencilla y modestamente, todas las comunidades, regiones y provincias de la Compañía hagan un esfuerzo por conmemorar este aniversario de modo memorable y lleno de significado a nivel personal y comunitario.
Contemplando este hito de nuestra historia como Compañía, demos humildemente gracias a Dios porque nuestra mínima Compañía sigue existiendo: porque nosotros mismos, miembros de la Compañía, seguimos encontrando en la espiritualidad de San Ignacio un camino hacia Dios; porque seguimos creciendo gracias al apoyo y el estímulo de nuestros hermanos en comunidad, porque experimentamos aún el privilegio y el gozo de servir a la Iglesia y al mundo, especialmente a los más necesitados, por medio de nuestros ministerios.
Pido a Dios que la conmemoración agradecida de este 200 aniversario de la restauración de la Compañía sea bendecida por una más profunda asimilación de nuestro modo de vida y por el compromiso cada más creativo, generoso y alegre de entregar nuestras vidas al servicio de la mayor gloria de Dios.”
Fuente : « Conmemoración del segundo centenario de la Restauración de la Compañía de Jesús», Adolfo Nicolás, S.I., Superior General
Roma, 14 de noviembre de 2013 Fiesta de San José Pignatelli
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Memoria de la expulsión de los jesuitas por Carlos III de 1767
◊ La Pragmática Sanción de Carlos III no daba otro argumento para expulsar a los miembros de la Compañía que motivos que el monarca “guardaba en su real ánimo”. ◊
Nunca, ni cuando la expulsión de los moriscos, se había llevado con tanto secreto una acción de este género en España.
Así, sin oponer la mínima resistencia, comenzaba el largo calvario de los jesuitas españoles por mar y tierra hacia lo desconocido.
Este drama hay que contextualizarlo en un siglo XVIII europeo, marcado por el Despotismo Ilustrado de las monarquías borbónicas, donde, a través del regalismo, los reyes querían controlar el poder de la Iglesia y principalmente a la Compañía de Jesús, por su cuarto voto de obediencia al Papa.
Sin dilación comenzaba el traslado de los jesuitas custodiados por las calles de las ciudades de forma humillante a golpe de tambor y rodeados de la milicia hacia las distintas «cajas» o puertos de embarque, antes de que hubiesen transcurrido veinticuatro horas desde el momento de la presentación del decreto.
En las ciudades por las que pasaron, las autoridades civiles se encargaron de mantener el orden y de evitar cualquier manifestación popular en contra del extrañamiento. La incomunicación de los jesuitas a lo largo del viaje fue total.
El viaje, en los barcos a vela de la época, pese a que se había previsto minuciosamente la intendencia, fue muy penoso. Hacinados en bodegas, comidos de insectos, mareados porque la mayoría no había navegado nunca, sufrieron lo indecible hasta llegar por diferentes rutas al puerto de Civitavecchia, en una travesía de unos sesenta o setenta días.
El rey, a pesar de ser piadoso e incluso de comunión diaria, actuó sin contar con el permiso de Clemente XIII. Sí tomó la medida de avisar al Pontífice de la decisión tomada inmediatamente después de ejecutarla.
Clemente XIII respondió diplomáticamente, y no quiso recibir a quienes habían sido durante siglos sus más acérrimos defensores; si bien, cuando supo que los expulsos iban a los Estados Pontificios contestó con dureza a Carlos III mediante una bula, con la tajante respuesta de que no los iba a recibir en sus territorios.
Finalmente lograron desembarcar en los distintos «presidios» de Córcega, hecho que se produjo entre julio y septiembre de 1767.
Entre los españoles desterrados se hallaban nombres famosos como el provincial Idiáquez, los hermanos Pignatelli, de los cuales José llegará a santo y servirá de puente hacia la restauración de la Orden; o el famoso escritor José Isla, un clásico de la literatura castellana por su obra satírica "Fray Gerundio de Campazas", considerado “el Quijote de los predicadores” y que indignó a los frailes por su crítica mordaz y humorística a los sermones “de campanillas” que abundaban en la época.
La situación era precaria en cuanto a víveres y habitación, agravada por encontrarse en medio del fuego cruzado de la guerra. Algunos alojamientos no eran sino almacenes de aceite, establos, casa en ruinas.
En noviembre, en Madrid se pensó que los comisarios reales españoles debían cumplir otra misión en la parte oriental de la isla: ganar la voluntad del francés Marbeuf en Bastia para que acogiera a la flota de los jesuitas americanos, de camino al destierro –desde las misiones de Iberoamérica tardaron un año de penosa navegación-, ya que el abastecimiento de los presidios de la costa occidental –Calvi, Algajola, Ajaccio, Bonifacio- estaba solucionado.
Mientras, las conversaciones entre Carlos III y Clemente XIII se agriaron. Tras duras discusiones, el Papa finalmente accedió a que desembarcaran en Italia.
La Iglesia española se alineó, por intereses, con el rey, y la Iglesia de Roma fue en la práctica duramente presionada hasta la supresión. Aunque Clemente XIII los había defendido de palabra a través de documentos, a la hora de la verdad no los aceptó cuando el rey se los envió desterrados. Entre españoles, americanos y filipinos el número de los expulsos alcanzó la cifra de unos 5.000 hombres.
Se argumentó que el papa no los quiso aceptar porque esperaba que Carlos III se arrepintiera. El caso de su sucesor, Clemente XIV fue aún más cruel, ya que había sido elegido por presión de las cortes borbónicas con el “compromiso verbal” de extinguir a los jesuitas.
Este débil fraile franciscano, cuando obtuvo la tiara dio largas al asunto, atenazado por el miedo y por la responsabilidad de decretar la supresión de una orden tan numerosa e influyente. Las intrigas políticas desembocaron finalmente en la supresión de 1773.
◊ No toda la Iglesia aceptó igualmente esta decisión. ◊
Las consecuencias para la enseñanza y la cultura fueron funestas, y en Iberoamérica las manifestaciones de dolor por parte del pueblo muy frecuentes.
◊ Preservada en Polonia y la Rusia Blanca, cuarenta años después la Compañía de Jesús fue restaurada por Pío VII en 1814. ◊
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◊ El Calvario de los jesuitas españoles ◊
por Pedro Miguel Lamet, S.J.
Con el máximo sigilo y amparados por las sombras de la madrugada, los soldados se deslizaban hasta rodear los colegios y residencias de todos los jesuitas españoles el dos de abril 1767, menos en Madrid, ciudad donde la operación militar se llevó a cabo el 31 de marzo. Nunca, ni cuando la expulsión de los moriscos, se había llevado con tanto secreto una acción de este género en España.
La irrupción consistía en llamar a la puerta, a veces incluso mediante el engaño de solicitar los sacramentos para un moribundo. Luego los soldados penetraban con la bayoneta calada, como si de detener forajidos se tratara, en las casas de la Compañía. Acto seguido ordenaban que toda la comunidad se reuniera en el refectorio y allí se daba lectura a la Pragmática Sanción del rey Carlos III que disponía extrañar a todos los jesuitas de los reinos españoles. Controlados en todo momento, no se les dejaba ni celebrar misa, y sólo podían llevar en su exilio una muda y el breviario. Previamente se había montado toda una complicada logística con la Armada que tenía dispuestos barcos de guerra y otras embarcaciones alquiladas en diversos puertos españoles para conducir a los padres y hermanos al destierro. Así, sin oponer la mínima resistencia, comenzaba el largo calvario de los jesuitas españoles por mar y tierra hacia lo desconocido.
Este drama hay que contextualizarlo en un siglo XVIII europeo, marcado por el Despotismo Ilustrado de las monarquías borbónicas, donde, a través del regalismo, los reyes querían controlar el poder de la Iglesia y principalmente a la Compañía de Jesús, por su cuarto voto de obediencia al Papa. Entonces los jesuitas se encontraban en el cenit de su influjo en la sociedad de la época. Habían sido confesores de reyes, controlaban el mundo de la educación y las misiones americanas, tema de litigio por el Tratado de Madrid, mientras el gobierno había estado en manos de nobles hasta el momento, formados en colegios de la Compañía. Precedentes habían sido las expulsiones de Portugal (1759) y Francia (1762), cuyos principales protagonistas fueron el marqués de Pombal y el ministro Choisseul.
En España la irrupción en la política de ministros manteístas (así se denominaba por su forma de vestir a los no nobles que habían accedido a la educación, frente a los escolares o nobles), se estableció una persecución vengativa contra la Compañía y sus amigos. Influyeron especialmente los ministros Roda, Campomanes, Grimaldi, Aranda, Moñino y el confesor padre Eleta. A la decisión contribuyeron sin duda una serie de temas teológicos (jansenismo, doctrina del probabilismo); cuestiones políticas, como el Monitorio de Parma; la discutida causa de canonización del obispo Palafox, y una serie de calumnias, como que los jesuitas habían instigado en Madrid el famoso Motín de Esquilache; que poseían un imperio en América, cuyo rey sería un tal Nicolás I con un ejército de esclavos dispuesto a invadir Europa; o el miedo feroz de Carlos III, que huyó del Motín hasta Aranjuez, y al que habían calentado las orejas sus ministros, especialmente Bernardo Tanucci desde Nápoles.
Para hacer borrar del mapa de España a la Compañía se creó un Consejo Extraordinario y una Pesquisa Secreta que desembocaron en la Pragmática Sanción, que no daba otro argumento para expulsar a los miembros de la Compañía que motivos que el monarca “guardaba en su real ánimo”.
Se añadían providencias sobre la ocupación de las “temporalidades” o posesiones de la Orden. Se disponía que de la masa general, que se formara de los bienes de la Compañía, se separaría una pequeña parte de ella y se asignaría a cada jesuita, cien pesos anuales de por vida, si es sacerdote, y a los hermanos, noventa. De esta pensión se exceptuaban tanto extranjeros como novicios. No faltaba la amenaza de quitar la asignación a quien eludiera el destierro, o si se daban otros motivos que incomodaran a la Corte, como escribir o hablar acerca de la medida tomada. Recibirían la pensión en dos pagas anuales, que por la devaluación acabaría por no bastarles ni para comer. Tal pensión sirvió como una manera de tranquilizar la conciencia del piadoso monarca y de controlar de cerca a los expulsos aun fuera de España.
Ninguno de los profesos, aunque abandonaran la Compañía, podría volver a la patria, sin permiso especial del Rey, y en caso de lograrlo estaría obligado a prestar juramento de fidelidad y de que no defendieran en manera alguna, ni en privado, a la Compañía, so pena de ser tratados como reos de Estado.
Los seglares que tenían carta de hermandad con la Compañía debían entregarla y se amenazaba con castigos de “reos de lesa majestad” a quienes mantuvieran correspondencia con los jesuitas, lo que estaba absolutamente prohibido. Muchos prefirieron abandonar el país.
Las normas fueron especialmente duras con los novicios. Se les amenazó bajo pecado mortal y otras coacciones a que abandonaran la Compañía; se les tentó con ingresar en otras órdenes; se les abandonó en el campo sin ayuda y fueron separados de los Padres. A pesar de ello la mayoría corrió a los puertos a sufrir con sus mayores la expulsión.
En cada casa, una vez que era ocupada por las fuerzas armadas y que los notarios dieran lectura del decreto, procedían a pasar lista para comprobar si había algún jesuita ausente. Luego provinieron requisar los caudales y a inventariar los diferentes bienes. Desde ahí sin dilación comenzaba el traslado de los jesuitas custodiados por las calles de las ciudades de forma humillante a golpe de tambor y rodeados de la milicia hacia las distintas «cajas» o puertos de embarque, antes de que hubiesen transcurrido veinticuatro horas desde el momento de la presentación del decreto. La tropa los acompañó durante todo el trayecto.
En las ciudades por las que pasaron, las autoridades civiles se encargaron de mantener el orden y de evitar cualquier manifestación popular en contra del extrañamiento. La incomunicación de los jesuitas a lo largo del viaje fue total. Únicamente quedaron en España los procuradores de las diferentes casas de la Compañía, a fin de finalizar los inventarios ante los agentes del fisco. Una vez acabada esta labor, zarparon inmediatamente al exilio. Casas, libros, obras de arte se confiscaron o malvendieron. Hasta se borró el anagrama JHS labrado en piedra en las fachadas y se suprimieron de los templos las imágenes propias de la devoción de la Compañía, como las del Sagrado Corazón y Nuestra Señora de la Luz.
El viaje, en los barcos a vela de la época, pese a que se había previsto minuciosamente la intendencia, fue muy penoso. Hacinados en bodegas, comidos de insectos, mareados porque la mayoría no había navegado nunca, sufrieron lo indecible hasta llegar por diferentes rutas al puerto de Civitavecchia, en una travesía de unos sesenta o setenta días. De todo ello se conservan varios y minuciosos diarios. El más voluminoso es del padre Manuel Luengo, que se compone de 63 volúmenes y 35.000 páginas manuscritas redactado durante 49 años y que admirablemente conservó consigo hasta su muerte. (Está siendo publicado en España gracias al trabajo de los historiadores Inmaculada Fernández Arrillaga e Isidoro Pinedo, S.J.). Otros diarios valiosos son los de los padres Tienda, Pérez, Peramás, Puig y Larraz.
El rey, a pesar de ser piadoso e incluso de comunión diaria, actuó sin contar con el permiso de Clemente XIII. Sí tomó la medida de avisar al Pontífice de la decisión tomada inmediatamente después de ejecutarla. El monarca se cuidó mucho de indicarle que los exiliaba a los Estados Pontificios. Tampoco lo sabían al principio los jesuitas.
Clemente XIII respondió diplomáticamente, y no quiso recibir a quienes habían sido durante siglos sus más acérrimos defensores; si bien, cuando supo que los expulsos iban a los Estados Pontificios contestó con dureza a Carlos III mediante una bula (con la frase “¿Tú también, hijo mío?” de Julio César al morir a manos de Bruto), con la tajante respuesta de que no los iba a recibir en sus territorios. De hecho en Civitavecchia los exiliados se tropezaron con los cañones del Papa, negándoles la entrada. Los argumentos papales eran que sus Estados atravesaban momentos de aguda carestía, temían alteraciones de orden público y estaban saturados de los jesuitas portugueses y franceses que malvivían a expensas del erario pontificio.
Ante esta negativa, el ministro español Grimaldi planteó abandonarlos por la fuerza en tierras del Papa. Pero el rey se negó. Entonces, se planteó la posibilidad de descargar a los jesuitas en la isla de Elba, hasta que apareció la opción de dejarlos en Córcega, a la sazón en plena guerra con tres frentes en litigio: La República de Génova a cuya soberanía pertenecía la isla; las fuerzas del rebelde independentista Paoli, y Francia, que apoyaba a Génova, puesto que ésta carecía del contingente necesario para hacer frente al levantamiento. Por lo tanto la isla era un polvorín.
Entre los jesuitas cundía la desolación tras el fracaso del desembarco en Civitavecchia. Además, los patronos de los barcos sólo habían sido contratados para el viaje al citado puerto, y tenían compromisos comerciales posteriores. Muchos jesuitas pasaron a otros navíos, en los que se hacinaron aún más. Navegaron finalmente hacia Córcega. Llegaron a Bastia, donde las tropas francesas también les impidieron el desembarco. Los navíos estuvieron rodeando la costa corsa durante varios meses, afrontando el calor del verano, enfermedades y frecuentes tormentas. Varios jesuitas sucumbieron durante la travesía.
Finalmente lograron desembarcar en los distintos «presidios» de Córcega, hecho que se produjo entre julio y septiembre de 1767. Allí pasaron más de un año, en unas condiciones lamentables. En la isla los jesuitas expulsos se distribuyeron por provincias y mantenían en lo posible la enseñanza de la filosofía y la teología a los jóvenes y la distribución de la vida comunitaria con sus respectivos superiores.
Entre los españoles desterrados se hallaban nombres famosos como el provincial Idiáquez, los hermanos Pignatelli, de los cuales José llegará a santo y servirá de puente hacia la restauración de la Orden; o el famoso escritor José Isla, un clásico de la literatura castellana por su obra satírica "Fray Gerundio de Campazas", considerado “el Quijote de los predicadores” y que indignó a los frailes por su crítica mordaz y humorística a los sermones “de campanillas” que abundaban en la época.
La situación era precaria en cuanto a víveres y habitación, agravada por encontrarse en medio del fuego cruzado de la guerra. Algunos alojamientos no eran sino almacenes de aceite, establos, casa en ruinas. Otros religiosos pudieron instalarse en viviendas abandonadas por sus habitantes que habían huido al interior de la isla. Los alimentos eran escasos, de baja calidad y muy costosos, por la inflación y especulación, dada la presión demográfica provocada por el inesperado aumento de población. Para colmo, los recién llegados debían pagar en las iglesias para celebrar misa.
A partir del 21 de julio los que no habían tenido cabida en Calvi entraron en su recinto amurallado, con el temor de introducirse en una ratonera, por el anunciado ataque corso. Muchos jesuitas andaluces prefirieron el arrabal y las casas de campo cercanas a las dos fuentes de agua. Los de Algajola sí se pudieron instalar en la ciudad, al coincidir el desembarco con la marcha de las tropas francesas y la entrada de los corsos que se aprestaron a ocupar la población.
Esta situación perduró los meses de julio y agosto, pues el 3 de septiembre se firmaba un armisticio entre corsos y franceses, que se prolongaría hasta mayo de 1768. Esto permitió la liberalización de las vías de comercialización con el interior de Córcega y el continente.
En noviembre, en Madrid se pensó que los comisarios reales españoles debían cumplir otra misión en la parte oriental de la isla: ganar la voluntad del francés Marbeuf en Bastia para que acogiera a la flota de los jesuitas americanos, de camino al destierro –desde las misiones de Iberoamérica tardaron un año de penosa navegación-, ya que el abastecimiento de los presidios de la costa occidental –Calvi, Algajola, Ajaccio, Bonifacio- estaba solucionado. Las funciones de los nuevos comisarios reales serían vigilar a los jesuitas, anotar sus fallecimientos y huidas, interrogarlos sobre dudas acerca de los caudales de las temporalidades, y controlar su correspondencia.
Mientras, las conversaciones entre Carlos III y Clemente XIII se agriaron. Tras duras discusiones, el Papa finalmente accedió a que desembarcaran en Italia. Allí, los jesuitas se desperdigaron por poblaciones como Bolonia, Ravena, Forli o Historia Ferrara. En estas legaciones vivieron hasta 1773-74.
La ruta más común fue ir al Noreste cruzando los Apeninos, hacia la llanura del Po, atravesando las posesiones de Génova, y las de los ducados de Parma y Módena. El itinerario comenzaba en Sestri de Levante, a pie por los Apeninos ligures, sorprendidos por fuertes tormentas. Siguiendo el cauce del Taro, pasaron por Borgo di Taro, donde algunos consiguieron cabalgaduras, por Fornovo di Taro, Parma, Reggio, Módena, hasta llegar a Castelfranco, para penetrar en los Estados Pontificios.
Allí llegó el primer grupo de jesuitas americanos el 12 de septiembre, y de allí se fueron dispersando por la Romaña, despertando la curiosidad de los italianos y generando una serie de problemas prácticos a fin de que las distintas ciudades pudieran absorber a esta masa de clérigos que llegaba en sucesivas oleadas. Los detalles de las penurias del viaje, el maltrato de los franceses y los intentos de extorsión para sacarles el dinero de las pensiones, así como los silencios culpables de los cónsules españoles y la fría acogida de los jesuitas genoveses, junto con otras anécdotas y detalles de esta peregrinación pueden leerse con detalle en los citados diaristas.
La Iglesia española se alineó, por intereses, con el rey, y la Iglesia de Roma fue en la práctica duramente presionada hasta la supresión. Aunque Clemente XIII los había defendido de palabra a través de documentos, a la hora de la verdad no los aceptó cuando el rey se los envió desterrados. Entre españoles, americanos y filipinos el número de los expulsos alcanzó la cifra de unos 5.000 hombres.
Se argumentó que el papa no los quiso aceptar porque esperaba que Carlos III se arrepintiera. El caso de su sucesor, Clemente XIV fue aún más cruel, ya que había sido elegido por presión de las cortes borbónicas con el “compromiso verbal” de extinguir a los jesuitas.
Este débil fraile franciscano, cuando obtuvo la tiara dio largas al asunto, atenazado por el miedo y por la responsabilidad de decretar la supresión de una orden tan numerosa e influyente. Las intrigas políticas desembocaron finalmente en la supresión de 1773.
En este último proceso fue decisivo el papel del embajador de España, José Moñino, recompensado luego con el título de conde de Floridablanca, que llegó a comprar con prebendas y sumas cuantiosas al confesor, otros prelados y amigos del Pontífice. Su acoso psicológico al Papa, tal como aparece en su abundante correspondencia con Madrid, acabó destrozando el ánimo y la salud de Clemente XIV, que concluyó firmando el breve (no bula) "Dominus ac redentor", que suprimía en toda la Iglesia la Compañía de Jesús. La tesis de que murió envenenado por los jesuitas se probó tan falsa que hasta sus peores enemigos, como el propio Tanucci, sostuvieron que en realidad sucumbió a un auto-envenenamiento mental por miedo y angustia.
◊ No toda la Iglesia aceptó igualmente esta decisión. ◊
Las consecuencias para la enseñanza y la cultura fueron funestas, y en Iberoamérica las manifestaciones de dolor por parte del pueblo muy frecuentes.
Resulta ejemplar que en tales circunstancias sólo el veinte por ciento de los jesuitas expulsados abandonaron la Compañía. Algunos en medio de esas tragedias lograron alcanzar la santidad como fue el caso del citado José Pignatelli. Otros muchos, aun después de extinguida la orden, contribuyeron con sus estudios, libros e investigaciones al florecimiento de la cultura en Italia y otras partes del mundo, como estudió profusamente el padre Miquel Batllori.
◊ Preservada en Polonia y la Rusia Blanca, cuarenta años después la Compañía de Jesús fue restaurada por Pío VII en 1814. ◊
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Este artículo narra la historia de la dramática persecución contra la Compañía de Jesús en tiempos de Carlos III (1716-1788). Los hechos están tomados del libro del P. Pedro Miguel Lamet: El último jesuita (Novela histórica), edición La Esfera de los Libros, Madrid, 2011.
Imagen 1: Retrato de Carlos III (Madrid, 20 de enero de 1716 – † Madrid, 14 de diciembre de 1788)
Artista: Anton Raphael Mengs (1728–1779)
Título: Retrato de Carlos III de España (1716-1788)
Fecha: cerca de 1760
Técnica: óleo sobre tela
Ubicación actual: Desconocida
Imagen 2: Retrato en la portada de la biografía de San José Pignatelli, S.J. (Zaragoza, España, 27 de diciembre de 1737 - † Roma, Italia, 15 de noviembre de 1811)
Imagen 3: Retrato del escritor José Francisco de Isla, S.J. (Vidanes, León, 25 de abril de 1703 – † Bolonia, 2 de noviembre de 1781), un clásico de la literatura castellana por su obra satírica "Fray Gerundio de Campazas", considerado “el Quijote de los predicadores” y que indignó a los frailes por su crítica mordaz y humorística a los sermones “de campanillas” que abundaban en la época.
Imagen 4: Retrato de Catalina II (Szczecin (Stettin, Pomerania, actualmente Polonia, 2 de mayo de 1729 - † San Petersburgo, Imperio ruso, 17 de noviembre de 1796 según el calendario gregoriano). Esta emperatriz preservó la Compañía de Jesús en Rusia.
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