jueves, octubre 05, 2006

Gagnants et perdants du tourisme 1/2

Gagnants et perdants du tourisme 1/2

Permalink 06.10.06 @ 12:12:12. Archivado en Turismo

Expansion du tourisme: gagnants et perdants

Alternatives Sud

Dossiers Edités par le Centre tricontinental de Louvain-la-Neuve et par Syllepse,Vol. XIII / 3, Paris, 2006.

Le Centre tricontinental a pour ambition de faire entendre des points de vue du Sud dans le contexte actuel de mondialisation, de discuter les propositions alternatives au modèle dominant et de contribuer à une réflexion de fond sur les mouvements sociaux.

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Si l’explosion du tourisme – 10 millions de vacanciers internationaux en 1950, 1 milliard en 2010 – repose pour l’essentiel sur sa démocratisation au sein des couches moyennes des pays riches, son internationalisation n’en confirme pas moins son caractère profondément inégalitaire.

Révélateurs criants des disparités Nord-Sud, les flux et l’industrie touristiques ont aussi tendance à creuser les écarts : quelques tour-opérateurs transnationaux se partagent une part croissante des profits – plus de 500 milliards d’euros de recettes pour l’ensemble du secteur, 10% du produit mondial brut – et le « premier monde » s’impose toujours comme le principal émetteur et récepteur de ces « migrants de plaisance » que sont les vacanciers.

Pour autant, le tourisme est aussi devenu la première source de devises pour un tiers des « pays en voie de développement ».

A quels coûts sociaux, environnementaux et culturels ? Privatisation du patrimoine, saccage des écosystèmes, folklorisation des sociétés, consommation des moeurs… la monoculture du tourisme massifié et la diversification tous azimuts de son offre induisent-elles autre chose qu’un « nouvel usage occidental du monde » ?

Les initiatives en matière de tourisme solidaire, durable ou éthique veulent le croire, en transformant le loisir en un échange équitable, instrument d’écodéveloppement...

Reste que la réalité tenace du rapport inégal entre « visiteurs » et « visités » et celle, plus globale, du déséquilibre entre promoteurs de l’industrie touristique et populations locales invitent à penser de nouvelles formes de régulation.

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Résumés

Expansion du tourisme international : gagnants et perdants

Bernard Duterme

Si l’explosion du tourisme repose sur sa démocratisation au sein des pays riches, son internationalisation n’en confirme pas moins son caractère inégalitaire, et le discours humaniste de l’OMT, son option libérale. Révélateurs des disparités Nord-Sud, les flux touristiques creusent les écarts : les tour-opérateurs transnationaux se partagent une part croissante des profits et le « premier monde » s’impose toujours comme le principal émetteur et récepteur des « migrants de plaisance ». Pour autant, le tourisme est devenu la première source de devises pour un tiers des « pays en développement ». A quels coûts sociaux, environnementaux et culturels ? Privatisation du patrimoine, saccage des écosystèmes, folklorisation des sociétés, consommation des moeurs… la monoculture du tourisme massifié et la diversification tous azimuts de son offre induisent-elles autre chose qu’un « nouvel usage occidental du monde » ? Les initiatives en matière de tourisme éthique veulent le croire. Reste que la réalité du rapport inégal entre « visiteurs » et « visités » et celle, plus globale, du déséquilibre entre promoteurs de l’industrie touristique et populations locales appellent de nouvelles régulations.

Expansion du tourisme international et libéralisation des services

Equations

Les menaces que l’AGCS fait peser sur les services publics essentiels ont suscité une levée de bouclier à travers le monde. Ses conséquences sur un secteur « commercial » en expansion constante comme le tourisme sont, elles aussi, lourdes de conséquences pour les pays en voie de développement. On découvre depuis quelques années que le tourisme est loin d’être « l’industrie sans fumée » que l’on croyait. En Inde, son développement sauvage a entraîné une exploitation débridée des environnements naturels, en particulier le long des côtes, et s’est traduit par une utilisation intensive des ressources qui a mis en péril la survie de nombreuses communautés locales. Il existe pourtant des expériences de tourisme animées par les communautés et respectueuses de l’environnement. Des lois nationales et des forums internationaux cherchent à renforcer ce modèle alternatif de développement touristique. Le traitement que le tourisme reçoit au sein de l’AGCS est en passe cependant de rendre hors-la-loi toute réglementation nationale ou locale limitant de quelque manière que ce soit l’accès des multinationales du tourisme aux marchés nationaux.

Privatisations, marchandisation et tourisme

Anita Pleumaron

Plus que tout autre secteur, l’industrie touristique participe à la marchandisation du monde par l’appropriation – acquisitions de fait, privatisations… – de ressources publiques et la mise en vente de ses multiples « produits » matériels et immatériels, puisés dans les cadres sociaux, naturels et culturels dans lesquels elle opère. L’instrumentalisation des « aires protégées » à des fins commerciales, souvent sans respect pour les réalités humaines locales et sans véritable considération pour les impératifs environnementaux, procède de la même logique. Avec l’AGCS (Accord général sur le commerce des services) discuté dans le cadre de l’OMC, il semble que plus aucun endroit ni bien ne puisse à terme demeurer à l’abri de l’avidité des entreprises. Si le « tourisme équitable » peut aider à redistribuer certains bénéfices, il ne questionne pas véritablement la commercialisation de réalités sociales et naturelles transformées en « produits », sur laquelle se fonde le développement de l’industrie touristique transnationale et qui l’assimile à une certaine forme de prostitution. Contre la marchandisation tous azimuts, il s’agit de se mobiliser pour la réglementation du secteur.

Alternative démocratique à la logique dominante du tourisme mondial

K.T. Suresh

Considéré comme une force économique majeure, le tourisme mondial actuel et son approche commerciale se développent le plus souvent au détriment de l’environnement et des droits sociaux et culturels des populations autochtones du Sud. Sa structure d'entreprise, plus à l'écoute du marché que des personnes, bénéficie peu aux économies locales et beaucoup aux tour-opérateurs transnationaux. Son impact précaire et ses effets négatifs sur les ressources naturelles et les réalités sociales, en particulier dans les petits Etats insulaires en développement, révèlent un système d’abord axé sur l’appropriation privée des biens et le profit. La démocratisation du tourisme, basée sur la participation collégiale de tous les acteurs concernés aux décisions, constitue une priorité, tout comme l’implication des autorités locales dans la définition des politiques et le partage des bénéfices. La remise en cause de la libéralisation indiscriminée du secteur contenue notamment dans l’AGCS, est un autre défi, complémentaire au renforcement des institutions régulatrices internationales, nationales et locales et au soutien des acteurs populaires d’un tourisme durable et équitable.


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Expansion du tourisme: gagnants et perdants

Alternatives Sud

Dossiers Edités par le Centre tricontinental de Louvain-la-Neuve et par Syllepse, Vol. XIII / 3, Paris, 2006.

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