"Je m'unis à ceux qui refusent l'isolement nationaliste et choisissent d'exercer en toute responsabilité notre condition de citoyens européens"
La citoyenneté européenne comme engagement
RAFAEL ARENAS GARCÍA
L'Europe est un projet solidaire. "L'Union promeut la cohésion économique, sociale et territoriale, et la solidarité entre les États membres." (article 3.3. du Traité sur l'Union européenne). "L'Union et les États membres (…) ont pour objectifs la promotion de l'emploi, l'amélioration des conditions de vie et de travail, permettant leur égalisation dans le progrès, une protection sociale adéquate, le dialogue social, le développement des ressources humaines permettant un niveau d'emploi élevé et durable et la lutte contre les exclusions." (article 151.1. du Traité sur le Fonctionnement de l'Union européenne).
Ce n'est pas moi qui le dis, ce sont les textes fondamentaux de l'Union européenne. Il est nécessaire aujourd'hui de les reprendre littéralement parce que, sans cela, l'affirmation que l'Union européenne est un instrument pour la justice, la solidarité et le progrès de tous, y compris des travailleurs, pourrait sembler sarcastique. Ce n'est pas du tout le cas, l'Union européenne est un espace dans lequel les politiques doivent être orientées vers la réalisation d'une société plus juste, plus riche et plus solidaire. C'est pour cela qu'on a créé l'Union et nous, les citoyens, nous avons l'obligation de revendiquer le retour aux valeurs de sa fondation.
Cette revendication ne doit pas se réaliser abstraitement, mais elle se concrétise dans le dialogue avec les formations politiques qui nous représentent aussi bien dans les parlements nationaux que dans le Parlement européen, parce que ce sont ces formations politiques qui exercent l'énorme pouvoir dont jouit une organisation comme l'Union européenne. A travers elles, nous avons tous la capacité d'avoir une incidence sur le fonctionnement d'un des rares agents publics qui ont une réelle influence sur le monde global. L'Union n'est pas une entité secrète qui gère d'obscurs pouvoirs, mais une organisation basée sur des principes démocratiques qui est gouvernée par des personnes désignées directement ou indirectement par les citoyens, et de là notre responsabilité.
L'Union européenne est un instrument pour la participation des citoyens européens au gouvernement de la société et de l'économie. L'intégration économique mondiale qui s'accélère depuis vingt ans a provoqué la dissociation entre le monde des relations économiques et sociales (toute la planète) et le pouvoir public. Devant l'absence d'un gouvernement mondial, seuls les Etats et les organisations internationales ont la capacité de nous doter d'un gouvernement démocratique; et parmi ces organisations l'Union européenne joue un rôle remarquable, étant la première économie du monde et un acteur incontournable dans la régulation de la globalisation. A travers elle, nous, citoyens européens, pouvons faire entendre notre voix en relation avec les problèmes et défis de la société du XXIème siècle. Voilà pourquoi l'Europe doit être considérée non seulement comme un projet pour les européens mais aussi comme un acteur dans un monde qui a déjà atteint l'intégration économique et dans lequel toutes les sociétés, tous les pays et toutes les économies sont étroitement liés.
Il est donc nécessaire que nous assumions la responsabilité que suppose l'exercice de la citoyenneté européenne et que nous nous rendions compte des possibilités qu'elle nous offre. Face aux difficultés que pose la globalisation, notre condition de citoyens nous donne des outils pour obtenir un monde plus juste, plus solidaire et plus durable.
Tout le monde ne partage pas cette vision, cependant. Devant les défis que lance la globalisation, certains secteurs cèdent à la tentation de s'enfermer sur soi-même, de s'isoler et de penser qu'il sera plus facile, dans de petites communautés, de trouver des solutions aux problèmes qui nous affectent. Le nationalisme est de retour et il faut reconnaître que c'est un retour en force. Dans certains pays, comme en France, il s'allie à des visions xénophobes et au projet explicite de détruire l'UE. Dans d'autres, il prend la forme de tensions sécessionnistes qui conduiront à l'isolement et à la formation de petits Etats sans capacité réelle de contribuer à la régulation de la globalisation.
Ce n'est pas un choix mineur. Ceux qui optent pour la défense de l'isolement et louent les avantages des petits pays donnent fréquemment comme exemples de prospérité ceux qui l'atteignent en exploitant les ressources d'autres dans la jungle globale. En face de la responsabilité de construire un monde plus juste pour tous, l'illusion de penser qu'on pourra prospérer au prix de la pauvreté d'autres, dans un monde dans lequel tous dépendent de tous.
Je m'unis à ceux qui rejettent cet isolement et optent pour l'exercice responsable de notre condition de citoyens européens. En face du "sauve qui peut", je revendique le fait que nous ne pourrons obtenir un monde plus juste pour nos enfants et petits-enfants que si nous restons justes, si nous ne renonçons pas au projet européen.
Voilà pourquoi je me sens fier de faire partie de la Société civile catalane, une entité qui lutte pour que les Catalans continuent à faire partie de ce projet solidaire qu'est l'Europe; et je suis reconnaissant du fait que cet effort ait été reconnu par l'attribution d'un prix qui s'identifie pleinement à l'esprit qui nous unit : le prix citoyen européen que concède le Parlement européen et qui sera remis au siège du Parlement ce mardi 25.
RAFAEL ARENAS GARCÍA EST PROFESSEUR ORDINAIRE DE DROIT DE L'UNIVERSITÉ AUTONOME DE BARCELONE ET MEMBRE DE L'ASSEMBLEE DIRIGEANTE DE LA SOCIÉTÉ CIVILE CATALANE
Source : Fundación para la libertad, 25/02/15
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26.02.15 | 20:34. Archivado en Europa, España, Sociogenética, Ética, Pro justitia et libertate, Geopolítica
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