17.07.14 | 19:55.
Même pour “s’abstenir” comme l’ont fait les socialistes français, ou pour dire “non” comme l’ont fait les socialistes espagnols, il faut être conscients de ce qu’on vote, quand on promet une coalition parlementaire, et de ce qu’on juge, quand on met en valeur ou qu’on dénigre une personne.
Le secrétaire général élu du PSOE, Pedro Sanchez, a commis une grave erreur euro-stratégique en appuyant l’opposition des 14 eurodéputés du PSOE vis-à-vis de Juncker, et une grave injustice politique en lui attribuant la paternité des politiques d’austérité excessive qui résultent socio-économicides.
Un message de Pedro Sanchez sur les réseaux sociaux, antérieur au vote au Parlement européen, appuyait l’opposition des 14 eurodéputés du PSOE vis-à-vis de Juncker et lui attribuait injustement la paternité des politiques d’austérité excessive de l’UE qui résultent socio-économicides.
“Je confirme que les 14 euro-députés du PSOE voteront NON à Juncker. Nous n’appuierons pas le père des politiques austéricides”.
En tant que linguiste, je dois signaler que, en utilisant le mot “austéricides” à la place du mot “socio-économicides”, Pedro Sanchez exprime le contraire de ce qu’il prétend condamner, pour s’opposer à la candidature de Jean-Claude Juncker.
Tout observateur attentif et impartial de ces politiques peu attentives à leurs conséquences socio-économiques sait que la véritable paternité ou maternité des politiques d’austérité excessive n’est ni de Jean-Claude Juncker ni d’Angela Merkel, mais bien de la Bundesbank et de l’opinion populiste allemande la plus euro-hégémonique, inspirée par l’idéologie néo-libérale de cette banque, qui est loin d’être celle de tous les Allemands.
Je souscris avec Xavier Vidal-Folch à la juste évaluation de Juncker
1. Juncker figure dans l’aile la plus progressiste de la démocratie chrétienne : les socio-chrétiens.
2. Juncker était parmi les plus ouverts des rédacteurs de Maestricht (proposition du “Traité non-paper” de 1991).
3. Juncker a été président de gouvernements successifs de coalition, incluant des socialistes.
4. Juncker a été l’homme-passerelle entre la DC allemande de Helmut Kohl et la France du gaulliste Chirac et du socialiste Jospin.
5. Juncker a aussi été l’amphitryon de la “Stratégie européenne de l’emploi/Processus de Luxembourg”, en 1997.
6. Juncker a été le porte-drapeau des euro-bons en 2010/2011.
7. Juncker a aussi été celui qui réussit en diverses occasions à tempérer la rigidité allemande dans l’application des recettes d’austérité.
1) Xavier Vidal-Folch (Barcelone, 1952) a été directeur adjoint de «El País» et directeur de l’édition de Catalogne deux fois non consécutives. Précédemment, il avait été à la tête du département d’économie du journal. En 2008, il a été élu président du «World Editors Forum» et en 2011, du «Global Editors Network ». Il a également travaillé comme correspondant à Bruxelles entre 1994 et 2000. Vidal-Folch a reçu deux fois le prix de l’information économique « Ville de Barcelone » et le « Xardà » de Dexeus.
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Source : Xavier Vidal-Folch (1), “El día en que el PSOE se traicionó” (“Le jour où le PSOE se trahit”),
Rompe pactos, hurta el mandato electoral, ignora un plan keynesiano. Muy mal (Il casse des alliances, il détourne le mandat électoral, il ne tient pas compte d’un plan keynésien. Très mauvais),
dans ANÁLISIS, El País, 15 JUL 2014 – 21:52
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